Écoute, moi, je suis stressée ben raide, pour vendre un projet pas de trouble, mais moi pour me vendre, je ne suis pas bonne. Je fais de la photo depuis que je suis toute petite, on partait avec mes parents. On achetait des caméras jetables, moi assise sur le banc d’en arrière, sans être attachée et souvent couchée sur la banquette, à l’époque. On partait à 4 heures du matin. Ma mère me donnait l’appareil et me disait amuse-toi. C’était moi qui prenais les photos du voyage.
Je ne peux donner de date, j’étais certaine que tu me poserais cette question-là, et puis autant que je me souvienne, aucune idée du début de la photographie, ça fait partie de moi.
Je viens d’une famille très artistique, ma grand-mère faisait du théâtre à la radio de CHLN 55. Mon père et ma mère sont des peintres, mon père faisait beaucoup d’expositions en région. Pour ma part je dessine, mais je n’ai pas le talent de mes parents. J’ai fait le conservatoire en musique, j’ai joué du saxophone et tous les instruments à vent. J’ai étudié en design intérieur, j’étais bonne; mais je n’étais pas la meilleure. J’ai touché à plein plein de choses. J’ai fait de la compétition de danse, je chante un petit peu. Je ne sais pas, mais la photo c’est ce qui a perduré dans le temps. Elle a toujours été là, la photo. Elle, elle a faite comme, r’garde, j’reste…
Elle s’est comme imposée, pis vu que je suis une fille de bois, ça fait contradictoire avec l’art. J’ai une chienne de 11 ans Bella, un Border Coley-Labrador et mon chien de 3 ans Whisky, c’est un croisé Husky-Berger Allemand, donc, on va dans le bois.
Je viens du rang St-Malo, et on avait une rue familiale, notre maison, un oncle était voisin, la maison familiale de mes grands-parents maternels tout près, un autre oncle à l’arrière, on m’appelait Isabelle aux 4 maisons car j’étais seule enfant. J’ai passé une partie de ma vie, de 5 à 17 ans, dans ce secteur près du bois. Avec mes oncles on allait dans les sentiers, ils m’ont appris à me débrouiller dans le bois, à se retrouver, à pêcher, à chasser de la perdrix et à faire du motocross dans le ‘’pit’’ de sable…
Moi j’ai un parcours très atypique, concernant le travail. J’ai étudié au CÉGEP, moitié en design, moitié en administration, par la suite un bac en Récréologie (loisir) et je suis retournée 10 ans plus tard pour une maîtrise en gestion de projet, pour me ramasser maintenant dans une firme d’ingénierie principalement aux ressources humaines, bibliothèque corporative, la santé sécurité et aux projets corporatifs (implantation de nouveaux systèmes) donc c’est maintenant Isabelle aux 4 chapeaux …pour Stantec (firme d’ingénierie anciennement Dessau).
J’ai commencé, j’étais à Gaspé, voulant me rapprocher de Trois-Rivières, j’ai été travailler à Longueuil pendant 4 ans. Le devoir me demandait de me déplacer à Laval, centre-ville de Montréal, etc.. Je suis parvenue à me localiser à Trois-Rivières il y a trois ans, vu qu’un poste était disponible au bureau de la région.
Lorsque j’ai terminé l’université, j’ai commencé ma carrière comme directrice des loisirs et de l’aréna de Sainte-Anne de la Pérade. Par la suite, bifurquer vers Montréal chez Métro-Richelieu aux événements spéciaux dont le Métro Star, les lancements de produits à travers le Québec, l’émission j’BBQ avec Métro (avec soeur Angèle et Marcel Leboeuf). Je m’occupais des plateaux de tournage. Ensuite, suivant la naissance de ma fille quand j’habitais Berthierville, j’ai lancé mon entreprise (pendant 5 ans), organisation d’événements pour Emploi Québec, les salons d’emploi dans la région de Berthierville, Lanaudière. Cela m’a permis de concilier travail-famille…
Je la coupe et lui dis, il faut que tu aimes le monde, elle sourit et me répond: Oui…
Sa façon de voir la photo et se concentrer à faire de la meilleure photo a débuté au club de St-Lambert, il y a 6 ans environ. Moi qui ne parlais jamais, je me demandais qu’est-ce que je fais là, moi le bébé du groupe de photographes. Quand j’ai vu le volet technique, moi je n’ai jamais touché à ça. Moi le triangle des Bermudes, je l’appelle, tu sais le ISO bla-bla, moé là (soupir…) C’est moins un mystère aujourd’hui. Et puis la deuxième étape (côté artistique) j’ai décidé de me donner du temps et je suis allée aux Îles de la Madeleine avec Michel Proulx pour le séminaire d’une semaine sur la photo contemplative.
La photo c’est ma façon d’être dans le moment présent, le mode manuel m’éloigne de cet état, alors que le mode automatique me libère de la tension et des contraintes qui me coupent de l’environnement. C’est vraiment complexe, la photo c’est là que je peux faire le plein (en mode auto) parce qu’au travail je suis hyper cartésienne et structurée. Il y a une confrontation avec mon cerveau, je suis très artiste en même temps. Si je tourne vers le mode manuel, le cartésien embarque, le ISO, la vitesse et c’est à ce moment que je perds l’image…
Moi, j’aime beaucoup le noir et blanc et encore là je ne sais d’où ça vient. Je pense que ça vient de mon père qui faisait beaucoup de dessins au fusain. Je mets toujours mes images en noir et blanc, j’aime beaucoup, beaucoup jouer avec les ombrages. Je dirige Isabelle vers l’oeuvre de Julia Anna Gospadarou, (en)Visionography sur Facebook qui ne parle que du N&B Fine Art.
Changement de sujet, comment trouves-tu le club de Trois-Rivières? C’est gros, à St-Lambert nous n’étions que douze. Et Trois-Rivières, c’est Trois-Rivières, je lui dis l’approche froide des gens de la capitale du papier. À mon arrivée, l’an passé, personne me parle, personne me regarde, rendu-là. Il fallait que je me parle pour aller aux soirées. Ce qui a changé avec le temps…
Ce qui est bien, ce sont les ateliers. Dans la région de Montréal, il y en avait, mais trop techniques, ici c’est plus près de ma réalité. J’ai adoré l’atelier des petits objets à la salle Louis-Philippe Poisson, le côté artistique d’Yvan Cossette avec plein de conseils sur la lumière. Les ateliers pratiques attirent mon intérêt et attention, beaucoup plus que les beaux acétates techniques lors de certaines présentations.
Nous parlons du prochain atelier Portrait studio, qui aura lieu un peu plus tard au printemps. Isabelle me dit, ce sera bien, car du concret, ça me parle.
Nous avons eu une belle discussion de son pèlerinage aux îles de la Madeleine, les flashes de perception, les anomalies potentielles entre participants d’un groupe confiné. La fameuse allocution que ce n’est pas l’appareil qui fait la photo.
Malgré que je suis très extravertie au travail, je suis une personne très introvertie pour moi-même. C’est très difficile d’entrer dans ma bulle. Par contre cette année, je m’approche des autres, je leur dis bonjour; j’ai aperçu Louise Ouellette à l’épicerie et nous avons jasé un bon moment. Elle était heureuse que je l’aborde. Et oui Isabelle un peu du sien et ça débloque plus facilement qu’on le croit.
J’ai eu un bel entretien avec une femme multidisciplinaire, qui défonce les portes pour porter ses projets et qui absorbe tout autour d’elle comme un buvard du point de vue des émotions, un beau mélange cartésien/émotif (structure/art), tout à la fois.
Citation :
« La photographie est le seul langage qui peut être compris dans le monde entier » Bruno Barbey